Michel Le Moal, membre de l'Académie des sciences et professeur de neurosciences à l'université Bordeaux II, évoque la question du stress dans un entretien accordé au "Monde". Ce concept scientifique né dans les années 30 est désormais passé dans le langage courant. Pour bien comprendre les mécanismes du phénomène, il faut distinguer les "stresseurs" (événements qui produisent une pression sur l'organisme et le psychisme) et le "stress" à proprement parler, c'est-à-dire la réaction psychobiologique à ces événements. Lorsqu'il reste modéré, le stress est un moteur qui permet une adaptation physique et psychique aux incessantes sollicitations de la vie. Les pathologies du stress ne surviennent que lorsque les stresseurs sont récurrents ou trop violents, donc impossibles à réguler par la réaction psychobiologique. Parmi ces pathologies, Michel Le Moal recense l'obésité, les douleurs ou fatigues chroniques, les troubles du sommeil, mais aussi les addictions et certaines dépressions. Mêmes si les stresseurs d'aujourd'hui ne sont objectivement pas plus nombreux ou violents qu'il y a quelques dizaines d'années, le rapport des individus à la société, devenu plus conflictuel, pourrait expliquer la recrudescence de ces pathologies. "Le citoyen actuel, qui a gagné en autonomie, a perdu les supports familiaux, sociaux, affectifs et religieux qui l'aidaient à amortir son stress. Seul face aux événements, son corps va lui révéler son malaise", résume le neuropsychiatre.
Le Monde - 25/01/2010
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