Pendant trente jours consécutifs, le Dr Spiroux a recherché des traces de médicaments dans cinq lieux de prélèvement d'eau. Il a ainsi pu repérer au moins 27 molécules pharmaceutiques après passage dans les stations d'épuration. Parmi elles, il a retrouvé chaque jour 14 g d'acide valproïque (médicament contre l'épilepsie), 138 g de codéine (contre la douleur et la toux) et 212 grammes de tramadol (contre la douleur), mais aussi 1 g de platine, utilisé par le centre anticancéreux, et 10 g de gadolinium provenant des examens d'imagerie par résonance magnétique (IRM).
"Féminisation" des poissons de l'estuaire de la Seine...
Ce travail confirme que les stations d'épuration ne sont pas adaptées aux produits pharmaceutiques, que l'on retrouve par ailleurs en quantité non négligeable dans d'autres milieux aquatiques : la mer du Nord "s'enrichit" ainsi chaque année de 50 à 100 tonnes d'hypolémiants (contre les excès de graisses dans le sang), les lacs suisses contiennent en moyenne 19 kg de diclofénac (contre l'inflammation et la douleur) et le Rhin en charrie plusieurs kilos par jour...
Des études menées sur les poissons de l'estuaire de la Seine, de même que sur ceux des grands lacs canadiens, incitent à la prudence, ou au moins à la réflexion, précise le Quotidien du médecin . La "féminisation" des poissons de l'estuaire de la Seine, avec un déséquilibre important du sex ratio en faveur des femelles, l'apparition d'ovocytes dans les testicules des mâles et un nombre croissant de malformations, révèle l'ampleur des perturbations dont ils sont victimes, tandis que de l'autre côté de l'Atlantique, la proportion de bélugas du Saint-Laurent morts de cancer atteint 18 %. En outre, la bioaccumulation de substances, dont les hormones, chez certaines espèces, atteint des proportions spectaculaires : "Si vous mangez 300 g de moules de l'estuaire de la Seine, a expliqué le Pr François Leboulanger, écotoxicologue au Havre, vous avalez l'équivalent d'une pilule contraceptive."
Le Point.fr 22/10/2009
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