Lorsqu’il est recruté, l’adepte est engagé dans un processus d’initiation. Il apprend des prières ou des rites, assiste à des séances d’explication de la doctrine, écoute des témoignages d’adeptes vantant leur bonheur, leur santé ou leur progression.
Pendant la période de noviciat, l’adepte est considéré comme un novice. On lui fait miroiter la perspective de secrets, de bien-être croissant ou de santé. Pour accéder à ces secrets, l’adepte doit faire ses preuves : coopérer financièrement, travailler de longues heures, répéter des exercices, rituels ou prières, avec la crainte entretenue d’être rejeté. On soumet l’adepte à des critiques et autocritiques. Toute sa vie privée est analysée et réutilisée contre lui. Si l’adepte ne progresse pas assez vite c’est la faute de son entourage. Pour progresser il devra rompre avec eux ou les convaincre de rejoindre la secte. L'adepte rentre alors dans un processus de transformation de sa personnalité. L’objectif est de modifier sa façon de voir le monde. Les informations reçues sont sélectionnées pour ne transmettre à l’adepte que ce qui est conforme à la doctrine. Le filtre rejette le reste : les critiques, éléments de morale universelle... L’embrigadement progressif est insidieux. L’adepte croit qu’il va acquérir de nouvelles aptitudes et connaissances et il ignore qu’il est déformé petit à petit, amputé de toute diversité dans sa vision du monde.
Pendant ce processus, il s’agit de déstabiliser le sujet grâce à plusieurs phénomènes divers tels que les effets de groupe, la mobilisation des émotions, l’isolement et les ruptures, l’encouragement à évoquer le passé, les aveux de difficultés, les séances de confessions et d’auto-critiques, la culpabilisation, la modification des niveaux de vigilance, l’obéissance aux consignes… La seconde phase serait de reconstruire une identité en proposant une rupture définitive avec les doutes et les sentiments d’impuissance, la possibilité de changer le monde en se changeant soi-même. Enfin, dernière phase, renforcer la dépendance physique et psychologique : le groupe apparaît comme un univers de remplacement où l’on trouve identité, relations, activités, idéal, affectivité, explications, certitudes, autorité, projets. Ainsi, ayant un nouveau cadre de vie, l’adepte va progressivement s’isoler des réalités du monde extérieur et considérer le monde profane comme suspect voire dangereux.
Les conditions de vie empêchent le futur adepte de prendre le recul nécessaire qui lui permettrait de réfléchir à son vécu et à son engagement. On réduit l'intimité jusqu'à la rendre dérisoire : impossibilité d'être seul un instant, obligation de rendre compte de ses pensées secrètes, de ses émotions, confession obligatoire et dirigée... On modifie le vocabulaire : le futur adepte doit s'approprier un langage propre au groupe, construit par la secte, et n'ayant de sens qu'à l'intérieur de celle-ci. Ce néolangage le prive de communication avec le monde, et en fait, appauvrit sa pensée. On favorise un état de fatigue avec de longues journées de travail, conférences, démarchage à domicile ou sur la voie publique, longs temps de méditation, de prière, de formation à la doctrine du groupe. On modifie les habitudes alimentaires qui affaiblissent l'individu...
Pour renforcer l'adhésion au groupe, la secte n'hésite pas à favoriser les ruptures avec la famille, les amis, la société. Toutes les informations qui proviennent de l'extérieur sont déclarées suspectes ou manipulées. Toutes les personnes qui critiquent la secte sont décrites comme négatives, dangereuses, ignorantes, ou opposées aux progrès de l'humanité. Elles sont présentées comme source d'intolérance. Il est fortement conseillé de ne plus les fréquenter, parfois de les calomnier et éventuellement d'aller jusqu'à les poursuivre en justice. La famille et le milieu d'origine sont parfois déclarés responsables de toutes les difficultés que connaît ou qu'a connu l'adepte. La société est souvent représentée comme un lieu de perdition, la médecine est suspecte ou inutile, la psychiatrie dangereuse, les religions totalement dépassées, la politique désuète. Seul le groupe conduit par Son Maître, qui s'auto-proclame sauveur de l'humanité, peut guider les hommes sur le chemin du bonheur et de la vérité. Les adeptes ont alors la certitude d'avoir une mission rédemptrice à accomplir mais, leur dit-on, « la Société a des résistances, des habitudes, des intérêts. On ne vous croira pas, on vous persécutera. C'est ici la preuve que vous êtes dans la vérité." Plus on s'oppose à un adepte de front et plus on renforce son adhésion au groupe.
Le bonheur, la liberté, l'épanouissement ou la connaissance sont promis à chacune des étapes, si bien que l'adepte accepte de souffrir encore plus que ce qu'il pouvait souffrir à l'extérieur, au moment de son engagement, parce qu'à chaque fois, il pense qu'il serait dommage et stupide de s'arrêter si près du but, que toute sa souffrance, et que ses nombreux dons d'argent, n'auraient servi à rien. Le retour est difficile voire impossible car on a peur. La discipline est rigoureuse, les punitions sont sévères, la délation est permanente, on craint le monde extérieur, on a des dettes, on redoute les représailles. On s'est marié à l'intérieur du groupe, on a des enfants... Impossible de partir seul, il faut être deux à le vouloir en même temps. Les liens familiaux ont été coupés ou sont conflictuels. Les anciens amis n'existent plus. L'absence de revenus, de couverture sociale, ou de réelle expérience professionnelle, rendent le départ délicat. Les déplacements géographiques fréquents ne permettent pas de tisser des liens avec les personnes extérieures au groupe et qui pourraient aider au retour. Alors on reste, on se laisse faire.
Tout concorde à créer progressivement un état de dépendance à l'insu de l'adepte. Celui-ci est alors aux ordres de son maître et peut se transformer en un redoutable fanatique. L’adepte entièrement reconstruit sera devenu un outil efficace et intelligent dans le seul domaine du service rendu à l’intérieur comme à l’extérieur du groupe. L’embrigadement, c’est la construction progressive d’un véritable univers clos, étanche et orienté, où l’adepte accepte tout, parce qu’il n’a plus d’autres perspectives. Pour reconstruire, on s’appuie sur le consentement de la personne. Les nouveaux adeptes acceptent tout puisque c’est la condition de leur progression. Ils conservent une impression de liberté puisqu’ils demandent eux-mêmes à s’enfoncer plus loin dans le labyrinthe. Au terme de l’embrigadement, tout doute est perçu comme une trahison envers le groupe et le monde extérieur est devenu hostile. L’adepte est alors tellement investi qu’il serait déchirant pour lui de revenir en arrière. Il perd tous ses repères et devient dépendant. C’est tout son univers qui s’effondre.
Pendant la période de noviciat, l’adepte est considéré comme un novice. On lui fait miroiter la perspective de secrets, de bien-être croissant ou de santé. Pour accéder à ces secrets, l’adepte doit faire ses preuves : coopérer financièrement, travailler de longues heures, répéter des exercices, rituels ou prières, avec la crainte entretenue d’être rejeté. On soumet l’adepte à des critiques et autocritiques. Toute sa vie privée est analysée et réutilisée contre lui. Si l’adepte ne progresse pas assez vite c’est la faute de son entourage. Pour progresser il devra rompre avec eux ou les convaincre de rejoindre la secte. L'adepte rentre alors dans un processus de transformation de sa personnalité. L’objectif est de modifier sa façon de voir le monde. Les informations reçues sont sélectionnées pour ne transmettre à l’adepte que ce qui est conforme à la doctrine. Le filtre rejette le reste : les critiques, éléments de morale universelle... L’embrigadement progressif est insidieux. L’adepte croit qu’il va acquérir de nouvelles aptitudes et connaissances et il ignore qu’il est déformé petit à petit, amputé de toute diversité dans sa vision du monde.
Pendant ce processus, il s’agit de déstabiliser le sujet grâce à plusieurs phénomènes divers tels que les effets de groupe, la mobilisation des émotions, l’isolement et les ruptures, l’encouragement à évoquer le passé, les aveux de difficultés, les séances de confessions et d’auto-critiques, la culpabilisation, la modification des niveaux de vigilance, l’obéissance aux consignes… La seconde phase serait de reconstruire une identité en proposant une rupture définitive avec les doutes et les sentiments d’impuissance, la possibilité de changer le monde en se changeant soi-même. Enfin, dernière phase, renforcer la dépendance physique et psychologique : le groupe apparaît comme un univers de remplacement où l’on trouve identité, relations, activités, idéal, affectivité, explications, certitudes, autorité, projets. Ainsi, ayant un nouveau cadre de vie, l’adepte va progressivement s’isoler des réalités du monde extérieur et considérer le monde profane comme suspect voire dangereux.
Les conditions de vie empêchent le futur adepte de prendre le recul nécessaire qui lui permettrait de réfléchir à son vécu et à son engagement. On réduit l'intimité jusqu'à la rendre dérisoire : impossibilité d'être seul un instant, obligation de rendre compte de ses pensées secrètes, de ses émotions, confession obligatoire et dirigée... On modifie le vocabulaire : le futur adepte doit s'approprier un langage propre au groupe, construit par la secte, et n'ayant de sens qu'à l'intérieur de celle-ci. Ce néolangage le prive de communication avec le monde, et en fait, appauvrit sa pensée. On favorise un état de fatigue avec de longues journées de travail, conférences, démarchage à domicile ou sur la voie publique, longs temps de méditation, de prière, de formation à la doctrine du groupe. On modifie les habitudes alimentaires qui affaiblissent l'individu...
Pour renforcer l'adhésion au groupe, la secte n'hésite pas à favoriser les ruptures avec la famille, les amis, la société. Toutes les informations qui proviennent de l'extérieur sont déclarées suspectes ou manipulées. Toutes les personnes qui critiquent la secte sont décrites comme négatives, dangereuses, ignorantes, ou opposées aux progrès de l'humanité. Elles sont présentées comme source d'intolérance. Il est fortement conseillé de ne plus les fréquenter, parfois de les calomnier et éventuellement d'aller jusqu'à les poursuivre en justice. La famille et le milieu d'origine sont parfois déclarés responsables de toutes les difficultés que connaît ou qu'a connu l'adepte. La société est souvent représentée comme un lieu de perdition, la médecine est suspecte ou inutile, la psychiatrie dangereuse, les religions totalement dépassées, la politique désuète. Seul le groupe conduit par Son Maître, qui s'auto-proclame sauveur de l'humanité, peut guider les hommes sur le chemin du bonheur et de la vérité. Les adeptes ont alors la certitude d'avoir une mission rédemptrice à accomplir mais, leur dit-on, « la Société a des résistances, des habitudes, des intérêts. On ne vous croira pas, on vous persécutera. C'est ici la preuve que vous êtes dans la vérité." Plus on s'oppose à un adepte de front et plus on renforce son adhésion au groupe.
Le bonheur, la liberté, l'épanouissement ou la connaissance sont promis à chacune des étapes, si bien que l'adepte accepte de souffrir encore plus que ce qu'il pouvait souffrir à l'extérieur, au moment de son engagement, parce qu'à chaque fois, il pense qu'il serait dommage et stupide de s'arrêter si près du but, que toute sa souffrance, et que ses nombreux dons d'argent, n'auraient servi à rien. Le retour est difficile voire impossible car on a peur. La discipline est rigoureuse, les punitions sont sévères, la délation est permanente, on craint le monde extérieur, on a des dettes, on redoute les représailles. On s'est marié à l'intérieur du groupe, on a des enfants... Impossible de partir seul, il faut être deux à le vouloir en même temps. Les liens familiaux ont été coupés ou sont conflictuels. Les anciens amis n'existent plus. L'absence de revenus, de couverture sociale, ou de réelle expérience professionnelle, rendent le départ délicat. Les déplacements géographiques fréquents ne permettent pas de tisser des liens avec les personnes extérieures au groupe et qui pourraient aider au retour. Alors on reste, on se laisse faire.
Tout concorde à créer progressivement un état de dépendance à l'insu de l'adepte. Celui-ci est alors aux ordres de son maître et peut se transformer en un redoutable fanatique. L’adepte entièrement reconstruit sera devenu un outil efficace et intelligent dans le seul domaine du service rendu à l’intérieur comme à l’extérieur du groupe. L’embrigadement, c’est la construction progressive d’un véritable univers clos, étanche et orienté, où l’adepte accepte tout, parce qu’il n’a plus d’autres perspectives. Pour reconstruire, on s’appuie sur le consentement de la personne. Les nouveaux adeptes acceptent tout puisque c’est la condition de leur progression. Ils conservent une impression de liberté puisqu’ils demandent eux-mêmes à s’enfoncer plus loin dans le labyrinthe. Au terme de l’embrigadement, tout doute est perçu comme une trahison envers le groupe et le monde extérieur est devenu hostile. L’adepte est alors tellement investi qu’il serait déchirant pour lui de revenir en arrière. Il perd tous ses repères et devient dépendant. C’est tout son univers qui s’effondre.
Quand l’adepte a franchi toutes ces étapes, il lui reste une dernière épreuve : convaincre d’autres futurs adeptes. Pour cela on lui enseigne le langage de la séduction, les techniques du « love-bombing » qui consiste à repérer une personne en quête d’idéal, de santé ou en refus du monde extérieur. L’adepte devra affirmer partager les mêmes sentiments, l’entourer d’affection et le ramener dans le groupe.
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