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dimanche 7 février 2010

Le cancer : une sacrée expérience !

Ecrire peut-il servir à vaincre le désespoir et l'angoisse quand on a un cancer ? Comment réagir à l'attente incertaine et insupportable d'être guéri? C'est ce que fait Sylvia Tabet, peintre et écrivain, atteinte d'une tumeur au sein, en décrivant sa vie de tous les jours, pour tromper l'ennui de ses sept semaines de radiothérapie à l'Institut Curie.



Entre récit et journal intime, l'auteure laisse errer ses pensées qu'elle nous livre depuis les rues attenantes à l'hôpital, en passant par la salle d'attente, jusqu'à la machine à rayons, "Orion". De là, naît un témoignage étonnant sur un autre ordinaire, celui que crée et impose la maladie. Dans ce microcosme provisoire, le cancer perd son caractère exceptionnel ; il devient un élément de référence du quotidien. "Mon travail c'est de me soigner. C'est un travail à part entière", écrit-elle. Les "collègues" sont les autres patientes. Les autres, exclus du cadre, sont des intrus de ce monde intérieur.

Nulle part l'auteure ne dramatise ni ne sombre dans le suspens ou le voyeurisme. Il ne s'agit pas d'un récit sur l'horreur que représente un cancer. Les détails pathétiques et tragiques, les descriptions morbides sont soigneusement évités. Les titres des chapitres évoquent à peine la réalité du corps au travers des "brûlures" ou des "traces", seules indications des effets du traitement. L'univers hospitalier est réduit à la salle d'attente pleine de femmes qui se plaignent du temps long, qui lisent des magazines dont elles découpent les recettes de cuisine... L'impression de quotidien est suspendue par intermittence quand passe un enfant malade.

Ainsi, plutôt que de plonger dans le monde de la maladie, Sylvia Tabet nous entraîne dans le questionnement que suscite le fait d'en être atteint.

Pour accompagner sa guérison, elle plonge à l'intérieur de cette idée de cancer pour mieux l'extraire d'elle-même et comprendre cet élément étranger. La tumeur suscite aussi de nombreuses réflexions, sur Marie Curie, sur la famille. Elle lui fait penser à cette femme frappée d'un cancer, juste à l'endroit où elle portait l'étoile jaune. Avoir un cancer, est-ce porter l'idée de mort en soi ?

On lira ce récit avec un regard différent et neuf sur cette maladie. Loin de la métaphore du crabe mortifère, l'auteure rappelle qu'aujourd'hui on en guérit, et qu'elle peut - comme c'est ici le cas - ne constituer qu'une étape, une expérience.

Les Patientes de Sylvia Tabet, La Découverte, 218 p., 13,50 €

Lemonde.fr 31 janvier 2010

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